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Théâtre

Tout le monde déteste Dostoïevski

Sylvain Creuzevault - Frédéric Noaille - Amandine Pudlo - Sylvain Sounier - Cie Le Singe

Voici une aventure théâtrale un peu dingue : deux ateliers menés avec des amateurs autour d’une obsession Dostoïevskienne, deux groupes encadrés par des acteurs.trices de la compagnie Le singe qui s’attaquent à l’inattaquable avec envie, force et conviction.



Les Carnets du sous-sol
 

 « On s’est vu en janvier un soir à Tulle pour se présenter et on était 13. En février on a fait cinq jours de travail comme des répétions, avec des propositions des acteurs et des structures que je proposais. Pour se rencontrer et découvrir ces carnets. Là on était 10. Puis on ne s’est plus vu jusqu’en juillet mais on a beaucoup échangé par mail, 73 si mes souvenirs sont bons, par téléphone aussi. En juillet nous étions 9 et nous avons travaillé deux jours. C’était tout à fait catastrophique comme retrouvailles. Avant le festival théâtrerate à Eymoutiers on a pris cinq jours pour gifler cette catastrophe et raconter cet homme malade, cet homme mauvais, ridicule aussi. Très marrant cet homme. » Frédéric Noaille

 

Crime et Châtiment
 

« Si nous additionnons le temps passé ensemble à travailler sur Crime et châtiment, ça doit faire l’équivalent d’envi-ron trois semaines pleines. Réparties sur une année, un week-end par mois, puis à la fin une semaine intensive à Eymoutiers, aux Abattoirs. On s’est penché sur le roman. Avec le groupe, on a lu ensemble des pans entiers à haute voix, Amandine, Sylvain et moi (l'autre Sylvain) on a pro-posé des passages entiers du roman sur le plateau, les ac-teurs proposaient des scènes, on a coupé, on a essayé, on a travaillé comme en troupe, dans la mêlée et le désordre. Ça ressemblait vraiment à une répétition de théâtre. À la fin, ça fait trois petits spectacles d’une heure. Ou un spec-tacle de trois heures avec deux entractes. Je ne sais pas si nous avons bien travaillé. Parfois, j’ai eu l’impression que oui. Parfois, non. Mais la troupe s’est formée et a tenu avec une belle énergie, un désir constant. Aujourd'hui, ils ont l'œuvre dans le ventre. Dostoïevski soulève des questions, des tempêtes parfois, il met mal à l’aise, il interroge. En le regardant, on se regarde.
 

Ça parle de quoi Crime (comme on dit) ? Crime, ça ra-conte l’histoire d’une famille, la famille Raskolnikov, qu’on apprend d’abord à connaître par le personnage du jeune homme, le fils, le frère, Rodion Romanovitch qui a une idée particulière : il existe des hommes exceptionnels, qui du fait de leur caractère exceptionnel, ont le droit de tuer pour élever l'humanité. Rodion est un étudiant, très pauvre, et même, au début du roman, il ne veut plus étu-dier, ni même donner des cours pour payer son loyer. Il semble se laisser aller salement, et des idées traînent dans sa tête perdue, comme celle dont je viens de parler. Tant et si bien qu’il tue une vieille usurière qui est coupable selon lui d’être ce qu’elle est (sic !) – et malencontreuse-ment, si on peut dire –, la sœur de cette dernière qui pas-sait par là et qui, elle, est innocente. C’est une idée et cet acte qui sont à l’origine de tout le roman, et nous suivons ensuite Raskolnikov qui tente d’échapper à la police et à sa conscience. La conscience de son crime, et le combat avec elle, sera pour lui le véritable chemin de salut et peut-être qu’au bout quelque chose de lui, en lui, et au monde, pourra-t-il être réparé… grâce notamment à une jeune fille, Sonia… On ne sait pas, on va voir. » Sylvain Creuzevault, Juillet 2019