« Bon appétit, Messieurs ! » Ainsi commence la plus célèbre tirade de la pièce Ruy Blas, par laquelle ce dernier se lance dans une implacable et truculente condamnation des puissants : « Ô ministres intègres ! Conseillers vertueux ! voilà votre façon de servir, serviteurs qui pillez la maison ! »

Dans cet arpentage de la verve hugolienne, La Luzège Compagnie convoque bien d’autres offuscations et enthousiasmes de l’homme de lettres : de ses discours à l’Assemblée nationale à ses lettres à l’aimée, de ses poèmes au monument littéraire que sont Les Misérables.

Victor Hugo a ce pouvoir de transformation, auteur paradoxal et changeant, royaliste devenu républicain, chef de police passé en quelques mois défenseur des Communards. Et alors ! N’est-ce pas là son humanité même ? Au diable ses contradictions, la jeune troupe de Corrèze retient le pouvoir des mots d’un homme qui a noirci tant de pages restées dans la mémoire collective, et loin d’être périmées. Victor Calcine et Romane Ponty-Bésanger partagent un montage sensible de ces textes, portés par la musique changeante du clarinettiste Ambroise Daulhac.