Apéro-Conversation
Tribune #2 : Sortir du conformisme : Redécouvrir les fascismes et l’antifascisme
Avec Stéfanie Prezioso - Barbara Métais-Chastanier
Pensée en dialogue avec Monde nouveau de Olivier Saccomano et Nathalie Garraud, programmé à la scène nationale, cette seconde tribune se propose d’explorer les tensions qui relient les fascismes et l’antifascisme en les arrachant tous deux au conformisme dans lequel la distance historique a fini par les plonger pour mieux en saisir les vertiges contemporains. Sur ce globe qui commence à ressembler à un vaste camp d’entraînement politique pour toute l’extrême droite, la brutalité est stratégique, réfléchie, assumée et spectacularisée.
C’est cette forme autoritaire, raciste, réactionnaire et nationaliste qu’on retrouve également dans l’Italie de Meloni, dans l’Inde de Modi, dans les États-Unis de Trump, dans la Hongrie d’Orban, dans l’Israël génocidaire de Netanyahu. Mais peut-on pour autant y lire le retour du fascisme tel qu’il s’articula en Italie, en Allemagne, en Espagne et au Portugal dans la période de l’entre-deux-guerres ? C’est pour corriger les superpositions trop rapides et les approximations qui engagent avec elles des erreurs stratégiques que Stefanie Prezioso, historienne spécialiste des fascismes, travaille à clarifier la carte de ces traditions politiques dans Découvrir l’antifascisme (Les éditions sociales, 2025) : elle y rassemble des textes de militant·es antifascistes des années 20-30 pour dégager par contrastes et rapprochements des orientations permettant de lutter contre ce qui fait retour mais à nouveaux frais. Croisant des textes de militants comme Trotski ou Gramsci, mais aussi de féministes comme Emma Goldman, Sylvia Pankhurst, Clara Zetkin, ou de théoriciens décoloniaux comme George Padmore, elle met en lumière les causes profondes qui engendrent les fascismes permettant ainsi de repenser les fronts antifascistes qui restent à construire.
Professeure d’histoire contemporaine et à l’université de Lausanne, Stefanie Prezioso est historienne spécialiste du fascisme, de la guerre, du mouvement ouvrier et de l’immigration. Elle a notamment écrit Contre la guerre 14-18. Résistances sociales et révolution mondiale (La Dispute, 2017), L’heure des brasiers : Violence et révolution au XXe siècle (Éditions d’en bas, 2012, avec D. Chevrolet), L’Italie de Grillo, Salvini, Berlusconi et des néofascistes : la résistible ascension du pire (Demopolis, 2019) et plusieurs articles pour Contretemps (« L’antifascisme ou la révolution permanente », « La Lega, Salvini et Le spectre du fascisme : Leçons d’Italie pour la France », etc.).


