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© Thomas Métais

Apéro-Conversation

Les forêts : territoire de l’ingouvernabilité

Tribune #1 avec Jean-Baptiste Vidalou

« Ici, comme partout sur cette Terre, ce qu’on appelle ‘aménagement du territoire’ doit être compris en tant que guerre de basse intensité. Une guerre menée non seulement contre les lieux qu’elle annihile, mais contre les vivants eux-mêmes ». Jean-Baptiste Vidalou, Être Forêt


 

Les bois de Sivens, Notre-Dame-des-Landes, Bure ou encore les Cévennes témoignent que des choses s’inventent du côté des forêts. Certains ont commencé à les habiter, dans la perspective de défendre un autre monde et d’autres usages du territoire. Ces luttes qui nous parlent d’ici trouvent aussi des échos forts du côté des paysans du Guerrero au Mexique, des trappeurs du peuple Cri du Canada qui luttent contre la déforestation, des Penan de Bornéo qui sont en guerre contre les compagnies de plantation de palmier à huile. Toutes ces luttes portent un même mot d’ordre : la forêt n’est pas une usine à bois, pas une réserve de biosphère, pas un puits où stocker du carbone, mais le lieu où un peuple s’insurge, se fait ingouvernable. C’est ce dont témoigne l’ouvrage, Être Forêts : habiter des territoires de Jean-Baptiste Vidalou.
 

Jean-Baptiste Vidalou – nom de plume choisit en hommage à la guerre des Demoiselles – est bâtisseur en pierre sèche et agrégé de philosophie. Inspiré par son expérience de vie dans le parc naturel des Cévennes, il a écrit Être Forêts : Habiter des territoires en lutte, publié aux éditions La Découverte en 2017. Ayant fait le choix de vivre dans une forêt de châtaigniers, d’y expérimenter une autonomie, il s’est également engagé dans une lutte contre le projet de centrale biomasse à Gardanne dans les Bouches du Rhône. Ce livre témoigne à la fois d’une expérience et d’une enquête historique et philosophique sur les forêts, les effets de l’aménagement du territoire et les formes d’ingouvernabilité qui s’y inventent.